Jean-Michel Martinot était fort. Très fort. Trop fort pour tous ces adversaires, Jean-Baptiste Martinot, François Giffon et surtout Mathieu Traglio, lequel avec “Gosse d’Atout” faillit endosser le maillot de l’invité de dernière heure. Mais tous ces concurrents ont abdiqué l’un après l’autre à l’issu d’un barrage haut en couleurs tenant en haleine les quelques 1500 spectateurs présents hier après-midi dans ce splendide Parc du Château. Mais Dieu qu’il a souffert le jeune cavalier de Cluny pour décrocher cette précieuse victoire arrachant au passage quelques larmes à son père Michel et à sa grand-mère qui suit l’évolution de son petit-fils depuis son plus jeune âge sur tous les parcours du département et de l’Hexagone.
Ce Grand Prix démarre sous de bons auspices pour le futur lauréat. Avec “Fidélio du Donjon”,“extraordinaire une nouvelle fois” nous confiait le jeune cavalier, le binôme clunisois réussissait le premier parcours sans faute et se qualifiait pour le barrage. Alors que l’on croyait s’attendre à une quantité d’autre tracés parfaits, incroyablement, les uns après les autres, Jean-Baptiste Martinot, Isabelle Pomel, Sylain Chalandre, Julien Vaure, etc. échouent. Butent sur un parcours pas trop difficile mais qui occasionne des fautes un peu partout. Finalement, ils seront quand même au nombre de sept à prétendre à la succession de Thierry Pomel. Sept. Jean-Michel Martinot avec “Fidélio du Donjon” et “Etoile de Merzé”, Jean-Baptiste Martinot et “Drop des Varennes”, François Giffon et “Grande Ourse”, Audrey Revel Lafay et “Uddie de l’Hallali”, Mathieu Traglio et “Gosse d’Atout” et le vainqueur du Grand Prix B1 de la veille, le jeune junior Damien de Faverges et “Verveine de Sury”.
La chute d’ “Etoile”
“Fidélio” et Jean-Michel Martinot s’élancent en tête. Un parcours quasi impeccable. “Le cheval est en superbe forme. Il s’est bien reposé après Charolles. C’est de bon augure pour la fin de la saison”expliquait Michel Martinot. Mais une faute dans l’avant-dernier obstacle, un large oxer vert et blanc anéanti les espoirs du couple clunisois. Jean-Baptiste Martinot lance dans la foulée son étonnant “Drop des Varennes”. Dans le silence de cathédrale, le cavalier et le cheval accaparent tous les regards des spectateurs qui retiennent leur souffle à chaque saut. Des bonds extraordinaires d’adresse et parfois de réussite. Mais tout comme son cousin, Jean-Baptiste déclenche un saut beaucoup trop près du dernier obstacle et la barre fatale, coûtant 4 points au jeune de Mazille, rebondit sur le sol.
Tout comme les cousins Martinot, Damien de Faverges et Audrey Revel Lafay se rendent coupables d’une faute qui les éloigneront définitivement de la première place. Avec 4 pts, Jean-Baptiste Martinot allait-il enlever son deuxième National 1 d’affilé ? François Giffon ne s’en laisserait pas compter. Le Dijonnais assure le sans faute. Trop peut-être puisqu’un dépassement de temps lui vaudra deux points de pénalité à l’arrivée. Qu’importe l’homme occupe la première place de classement. On se dirige donc vers une victoire de ce cavalier très régulier et qui aurait sans doute mérité ce fleuron. Mais il était dit que ce barrage de ce 52ème Grand Prix de La Clayette délivrerait le plus beau suspens de la saison. Sur “Gosse d’Atout”, Mathieu Traglio dompte les obstacles. Un dernier effort le propulse au premier rang. “J’étais bien tout au long de ces deux jours, cette place me ravit et m’encourage” confiait celui qui travaille depuis 3 ans à côté d’un certain Thierry Pomel, le grand absent de ce CSO.
Mais comme cela a déjà été cité, la victoire vient à qui sait attendre. Derniers à entrer en lice dans ce barrage, Jean-Michel Martinot et “Etoile de Merze” s’échauffent dans le paddock en attendant le départ. Une chute malencontreuse de la jument qui effectuera même “un roulé-boulé” d’après son cavalier, secoue les tribunes. Le maréchal-ferrant est appelé en toute hâte pour referrer le cheval. Plus de peur que de mal. “J’ai eu surtout très peur pour Etoile, qu’il se casse une patte ou autre chose. Puis après, tout s’est remis en route. La jument a oublié son appréhension et tout est allé très vite”. Très vite, puisque Jean-Michel avale les obstacles de haute volée. Sans rechigner à élever la voix à l’abord de la dernière ligne. 42,90. Meilleur temps. Le Clunisois pouvait lever le doigt vers le ciel comme pour remercier d’être né sous une bonne “Etoile”.
Salvatore Barletta